Encore deux étapes jusqu’à Rameshwaram et un repos attendu. Les étapes depuis Pondichéry sont longues. Nous franchissons les 8000 km mais cela devient anecdotique !
Nous longeons la mer. Le vent est permanent, le plus souvent de face. Très désagréable. Nous traversons des paysages de dunes et de sable. Les villages vivent principalement de la pêche et du sel. Partout, des marais salants et une odeur de poisson omniprésente. Des scènes insolites pour nous mais normales en Inde, comme ces sportifs qui font leurs abdos sur la voie de circulation.
Nos arrêts qui en quelques secondes se transforment en attroupement.
Des constructions étonnantes d’indiens fortunés.
Près de la mer, nous sommes en terres catholiques, ce qui n’empêche pas quelques mosquées et temples hindous. Nous voyons bien ici, le « brassage » des cultures et des pratiques. Une mosquée qui prend les couleurs de l’hindouisme.
Les églises catholiques qui, à l’instar des temples hindous, diffusent par haut-parleur des chants religieux dès 5 heures du matin. Certaines ont même des « portes » façon temple hindou.
Nous nous arrêtons deux jours sur la presqu’île de Rameshwaram en face du Sri Lanka.
Nous voulons faire la « balade » du bout du monde comme ils l’appellent ici. Le bout du monde a un nom, c’est Danushkodi. Depuis Rameshwaram, il y a 17 km en vélo sur une « langue » de sable de 200 mètres de large environ goudronnée en son milieu, puis 5 kilomètres en camion tout terrain pour être au bout du monde…
En fait de camion, c’est plutôt une bétaillère. Les cinq kilomètres ne sont pas de tout repos, tantôt nous nous ensablons, tantôt nous roulons dans la mer et nous patinons. Quarante minutes pour parcourir les cinq kilomètres, c’est vous dire !!!
Nous sommes en compagnie de touristes indiens pour qui cette «balade » a un tout autre sens.
Les îlots entre Danushkodi et le Sri Lanka sont pour eux des vestiges du pont construit par Hanuman et son armée de singes et d’écureuils, pour permettre à Rama de traverser l’océan jusqu’au royaume de Lanka. Pour un hindou, se baigner ici revêt une grande importance, cela tient même du sacré. Nous surprenons même une scène de grande dévotion que nous photographions.
Retour par les plages désertes de ce petit paradis terrestre heureusement classé en zone de protection de la biosphère et où l’on tente avec plus ou moins de réussite d’interdire l’utilisation d’emballages plastiques, véritable fléau de pollution en Inde.
Autre attrait de Rameshwaram, le temple de Ramanatha Swami (Seigneur Rama). De style dravidien, ce temple est extrêmement sacré pour un hindou.
Il est le « complément » d’un pèlerinage à Bénarès. Certains pèlerins transportent même de l’eau du Gange, de Bénarès jusqu’ici pour bénir la statue de Rama. Ici, le rituel est simple si l’on peut dire. Chaque hindou doit effectuer un parcours de purification en faisant étape aux 21 puits qui parsèment les 210 m d’un couloir orné d’immenses rosaces (le plus long couloir des temples en Indes !) jusqu’au 22ème puits, lequel abrite la source de Kodi theertham. A chaque puits, on s’asperge d’eau puis au 22ème, on se sèche consciencieusement avant de pénétrer dans le sanctuaire de Rama, aboutissement de ce parcours. Le bout du couloir se termine par l’Agni theerthan, une immense porte qui donne directement accès à des ghâts sur la mer où les pèlerins s’’immergent pour leurs ablutions rituelles avant de repartir.
Sur le chemin du retour, nous prenons une bière dans le seul endroit de la ville qui en délivre, le « Tamil Nadu » un hôtel d’état ! Dans le bar, nous sommes servis par un enfant. Depuis quelques minutes, nous sentons qu’il a envie de nous demander quelque chose. L’adulte qui est derrière le bar le pousse à oser. Il « meurt » d’envie d’essayer un de nos vélos. C’est d’accord. Il n’est pas peu fier d’en faire un tour. Demain, toute l’école sera au courant.
Demain, départ pour Kilakarai. Rameshwaram étant un « cul de sac », il faut refaire les 57 km jusqu’à l’embranchement pour reprendre l’ECR (East Coast Road) en direction de Kanyakumari. A l’embranchement, ça commence fort. La route est coupée. Un affaissement des deux côtés d’un pont laisse des marches de 50 cm environ. Nous descendons de nos vélos et les portons pour passer l’obstacle. Nous serons seuls et tranquilles sur cette route devenue inaccessible à tous autres véhicules que des vélos.
Nous arrivons à Kilakarai assez rapidement mais autre déconvenue, il n’y a pas d’hôtels de libre. Il faut aller à Ervadi, à 8 km de là pour en trouver. Cela tombe bien, c’est sur la route de Kanyakumari. Toujours cela en moins pour demain. L’arrivée à Ervadi est des plus folkloriques. Françoise est abordée par un homme qui semble psalmodier en plusieurs langues en même temps comme dans le film « Le nom de la Rose »… Sans être dangereux, il est parfois menaçant. S’énervant et montant la voix en claquant des mains, il nous suit partout en répétant la même chose. Il ne semble pas réagir à ce que nous lui disons. Nous comprenons ses agissements quand un gérant d’hôtel nous explique qu’il est un peu « dérangé ». Les dieux ont retenu son esprit comme on nous l’avait fait comprendre une autre fois dans le nord à un arrêt chaï où nous étions tombés nez à nez avec une même personne mais beaucoup plus calme. Autant Rameshwaram est hindoue et catholique, autant Ervadi est musulmane. L’endroit est tout petit mais ce ne sont que des hôtels de part et d’autre de la rue principale. Nous nous disons qu’il y a certainement un temple ou un lieu sacré pas loin d’ici. Au bout de la route, nous comprenons cette surabondance hôtelière. Une mosquée et des bus amenant des pèlerins dans un cortège ininterrompu. Cette mosquée d’Ervadi peut accueillir 10000 fidèles à chaque prière.
Encore trois jours et nous serons à Kanyakumari au bout du sous continent indien. Après, plus rien jusqu’au pôle !
L’étape jusqu’à Tuticorin se passe agréablement et sans faits notables jusqu’au moment où nous passons devant des centaines d’hommes alignés de chaque côté de la route et encadrés par la police. Nous pensons au passage d’un Guru quelconque ou d’une importante personnalité politique ou bien encore d’une star de Bollywood. Nous nous arrêtons pour en savoir plus. Pas le temps de poser des questions que déjà la foule s’agite et hurle. Nous voyons « débouler » sur nous et à très vive allure des chars attelés de bœufs. C’est une course. Une espèce « d’interville » régional. Ils sont deux par char, l’un tient les rênes et dirige, l’autre descend de temps en temps pour piquer les bœufs avec une sorte de «banderille » comme à la corrida afin de les faire aller plus vite. Beaucoup de risques pris par cette personne lors de ses sauts à pleine vitesse pour descendre du char et y remonter. Même si l’ambiance est bon enfant, nous ne pouvons qu’être choqués par ces bœufs aux naseaux en sang et des flancs criblés des plaies des banderilles.
Près de Tuticorin, nous nous faisons doubler par des camionnettes chargées des bœufs et attelages de la course. Au moins, les bœufs ne rentrent pas « à pattes » !!!
Puis, nous passons devant une récolte de piment au séchage.
Décidément, le rouge sera la couleur de cette étape.
POUR LILOU ET NELL
5 Réponses à “Si près du Sri Lanka…”
7 avril, 2013 à 10 h 31 min
Dimanche 07 Avril 13 ! 10h30
Eh ! Bonjour ! s’y j’ai bien comptée ils vous reste 200 km ! cela vous laissent du temps pour visiter la Capitale ! superbes photos, toujours dans les landes un temps d’hiver ! 1 degrés Samedi matin….Nous faisons quelques ‘timide’ plantations.
Quand je voit tous ces enfants, hommes, femmes, je ne peut m’empêcher de penser ce qu’à dit un jour GANDHI ! » VIVONS SIMPLEMENT! POUR QUE TOUS LE MONDE PUISSENT VIVENT! »…..
Sur ces bonnes paroles je vous souhaite bonne route… et bon vent…un peu de fraîcheur! pour vous aussi….!
Pleins de bisous! et près de vous…. !
Jocelyne.
7 avril, 2013 à 11 h 23 min
Dimanche 07 Avril 13
Re bonjour !
Le saviez-vous ? hier tremblement de terre en savoie, situé à Annecy le vieux, à 2km à l’ouest d’Annecy sur 3,5 sur l’échelle de ritcher sur 5 km, je ne comprends « quetchi » ! sur l’intensité, mais fréquent je pense dans ces zones.
Enfin….vous êtes bien la-bàs…’pour le moment… !
Mais revenez quand même !
allez rouler ! roulez ! les Amoureux ! plus que 200km…!
A bientôt de ce lire .
Bisous bisous !
Jocelyne.
10 avril, 2013 à 6 h 53 min
Petit coucou ce matin pour souhaiter un bon anniversaire à Yann. Très belle journée à tous les deux. Bisous
10 avril, 2013 à 9 h 35 min
Mercredi 10 Avril 13 9h31
Eh bonjour !
Bonne Anniversaire Yann !
Bon pour 1 an de plus ! des coups de pédales encore plus vigoureux….. Allez prenez soin de vous…. et profiter de ce moment.
Pleins de Bisous
Jocelyne.
11 avril, 2013 à 16 h 32 min
Bonjour a vous 2,
je regardais vos superbes photos sans m’imaginer que je pouvais vous écrire un mot,c’est Paola qui m’a dit que l’on pouvais vous écrire.
Bravo quel courage ! et bonne continuation… Bise… a bientôt…
Jean-Louis