Hampi jeudi 25 avril. Après une bonne nuit de repos pour oublier l’étape d’hier, nous nous renseignons auprès de notre logeuse sur le pourquoi de la présence de deux immenses chars en bois postés devant le temple. Elle est occupée à redessiner un kollam devant l’entrée de sa maison. Réalisé avec du sucre, de la farine, de la craie réduite en poudre ou bien encore des pigments de couleur, ces dessins aux formes géométriques variées sont censés éloignés le mauvais sort et ne laisser pénétrer dans la demeure que les esprits bienveillants. Pour que la protection s’exerce, ils doivent être recomposés tous les matins. Le sol est vert car à Hampi, on pratique encore la technique ancestrale d’asepsie par le lessivage de la rue à la bouse de vache qu’on laisse sécher.
- Hijirans passant de maisons en maisons
Pour les chars, elle nous dit que c’est festival et qu’à partir de 16 heures, ils seront tirés et déplacés le long de la rue principale. Nous avons décidément beaucoup de chance. Nous délaissons donc la visite des ruines que nous avions déjà effectuée il y a deux ans, pour nous imprégner de la préparation de ce festival. Très tôt la rue est prise d’assaut par une foule nombreuse en habits de fête. Les femmes en saris rivalisent de couleurs et de matières soyeuses et légères, les enfants sont parés comme des princes et des princesses. Un air de grande kermesse flotte sur Hampi. Vendeurs de sucreries, de gâteaux, de jus de canne à sucre et d’ananas montent leurs échoppes de fortune. Les étals colorés des négociants en pigments prennent place près du temple. Barbes à papa, héliotropes, trompettes, sifflets, tambours s’offrent au public. Une foule de commerçants d’un jour vend des petites bananes attachées par trois que les acheteurs lancent sur les chars en offrande aux dieux. Nous assistons de près à la scène : un homme achète deux lots de trois bananes, se déchausse, les lance le plus haut possible sur l’un des deux chars, puis les mains jointes exécute une prière. L’homme se rechausse et se perd dans la foule. Des groupes de musiciens haranguent les passants et les invitent à venir danser. Des bœufs peints de toutes les couleurs participent à la fête, puis un éléphant en peinture et habits d’apparats se fraye un passage dans la foule. Les gens s’écartent respectueusement devant cet animal sacré. Un peu aussi par peur parce qu’un éléphant ça en impose quand même !
Il n’est pas loin de 16 heures et la tension monte. Une foule immense et compacte se presse vers les chars. Impossible d’aller à contre courant, nous sommes happés par ce flot. Puis près d’un char, un groupe de danseurs me tire pour m’entraîner avec eux. Et me voilà en train d’essayer de me mettre en rythme. Ils ont les visages et les corps vert, rouge, bleu, etc… et ce que je pressens ne tarde pas à arriver, on me barbouille de pigment rose. Françoise a été entrainée dans un autre groupe, il nous faudra plus d’une heure pour nous retrouver. Elle aussi, est maculée de rose. Nous qui avions raté la Holi, joli rattrapage !!!
17 heures, les chars s’ébranlent enfin dans une ferveur et un tumulte assourdissant. Cris, chants et prières encouragent les centaines d’hommes qui tirent de toute leur force sur les deux grosses élingues en chanvre permettant l’avancée des chars. Nous nous tenons très près et les bananes fusent de toute part. Nous en prenons même quelques unes sur la tête. Très vite, nous sommes invités par des indiens à venir tirer les chars avec eux. Une belle pagaille règne le long de ces deux grosses cordes. Nous somme ballotés de droite et de gauche et de chaque côté un homme essaie de discipliner la manœuvre. Peine perdue, le char s’arrête et il faut tout recommencer. Nous nous remettons en ligne et au signal, de nouveau et sous les cris redoublés de la foule, les chars de plusieurs tonnes repartent. Cette fois-ci sera la bonne, ils iront jusqu’au bout, devant le temple.
Puis un brahmane, protégé du soleil par une grande ombrelle tenue par un de ses disciples, arrive pour célébrer la puja (messe hindouiste).

Nous terminons cette folle journée le long de la rivière où règne une activité intense. Ici, comme partout en Inde, les points d’eau sont prétexte, pour les indiens, aux ablutions rituelles, à se laver ou à laver leur linge. Certains vont même jusqu’à offrir leurs cheveux en offrande et se font raser la tête. Les rives prennent des allures de pique-nique géant.

Un homme nous interpelle et nous propose une ballade sur l’eau. Quand nous voyons l’embarcation dans laquelle nous sommes censés naviguer, nous déclinons l’offre !!!Demain, il nous reste à gravir les 375 marches qui mènent au temple d’Hanuman, notre dieu préféré avec Ganesh et il est avéré que c’est plus pratique à faire vivants que noyés…
Vendredi 26 avril, le temple d’Hanuman se situe sur l’autre rive et nous devons, avec nos vélos, emprunter un bac. Puis après, encore 5 kilomètres et nous y serons. Nous gravissons les 375 marches en compagnie des singes qui ont investi les lieux. Rien de plus normal dans un temple dédié à Hanuman, le dieu singe nous direz-vous !
D’en haut, le panorama sur l’ancienne puissance d’Hampi est à couper le souffle. Nous voyons les ruines de l’ancienne résidence des rois Vijayanagar qui régnèrent, à partir du 16ème siècle et pendant plus de deux cents ans, sur tout le sud de l’Inde.

Vers 15 heures, nous rentrons car il faut faire nos bagages et se rendre à Hospet à 12 km de là. Un bus couchette nous y attend pour nous mener de nuit à Goa.
Après plus de 10 000 kilomètres sur nos vélos, à nous les plages et les baignades pour 15 jours de repos total !!!
3 Réponses à “Pseudo Holi à Hampi”
5 mai, 2013 à 8 h 32 min
Bonjour à tous les deux, Repos bien mérité mais qui signigie aussi votre proche retour. Très belles photos de votre passage à Hampi. Bisous à tous les deux.
6 mai, 2013 à 18 h 54 min
10 000 KM !!!!!!!!!!!!!Super belle motivation
J’espère que vous avez bien profité de cette journée bien mouvementée à Hampi
avec ces chars qui doivent étre absolument superbe ainsi que ces belles tenues colorées
Gros bisou de Picardie où il fait super beau
Profitez bien de ces 15 jours de remise en forme
8 mai, 2013 à 13 h 52 min
le mercredi 8 Mai , 13h42
Mais c’est incroyable ! ce que vous vivez, c’est beau, nous, nous sommes évidemment que dans l’émotion …. votre propre vie … à vous !
Il va falloir prendre du recule….. ! est je ne voyage pas, mais les ressenties je les comprends. Belle expérience faite de courage et …. de millier de coup de pédales !
Je vous embrasse
Jocelyne